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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/228

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grands événements que le monde ait jamais vus ; d’être témoin de l’heureuse ivresse qui saisit une grande nation, dans le moment où, pour la première fois, elle se sentit libre et déliée des chaînes qu’elle avait portées si longtemps, que ce pesant fardeau, ce fardeau étranger, était devenu, en quelque sorte, un membre de son infirme et misérable corps !

LA COMTESSE.

J’ai vu d’étranges choses, mais peu de réjouissantes.

LE GOUVERNEUR.

Sinon pour les sens, du moins pour l’esprit. Celui qui échoue avec de grands desseins est toujours plus digne de louange que celui qui n’agit que par de petites vues. On peut s’égarer dans le droit chemin et marcher droit dans le mauvais…



Scène IV.

LES PRÉCÉDENTS, LOUISE.

(L’arrivée de cette personne excellente tempère d’abord la vivacité de la conversation, qui est bientôt détournée complètement de son objet. Le Gouverneur, qui n’y trouve plus d’intérêt, s’éloigne ; et la conversation continue, comme suit, entre les deux dames.)

LA COMTESSE.

Que fait mon fils ? J’étais sur le point de passer chez lui.

LOUISE.

Il dort très-paisiblement, et j’espère qu’il recommencera bientôt à jouer et sauter, et qu’il ne restera, dans peu de temps, aucune trace de la blessure.

LA COMTESSE.

Si le temps était moins mauvais, je descendrais au jardin. Je suis bien impatiente de voir comme tout a fait des progrès, et quel effet produisent maintenant le pont, la grotte et la cascade.

LOUISE.

Tout a fait des progrès admirables ; les massifs que vous avez fait planter semblent être naturels ; ils charment quiconque les voit pour la première fois, et moi, dans mes heures de repos, j’y trouve une agréable retraite. Je dois avouer cependant que