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cherche à maintenir l’équilibre, tâche qui devient, à chaque moment, plus difficile. Le baron joue le rôle du gentilhomme qui se sépare de sa classe et passe au peuple. Par sa malicieuse dissimulation, les autres sont entraînés à produire leurs plus secrets sentiments. Les affaires de cœur sont aussi mises en jeu. Le baron ne manque pas de dire à Caroline des choses infiniment flatteuses, qu’elle peut s’expliquer de la manière la plus favorable. À la vivacité avec laquelle Jacques défend les droits de la maison du comte, on ne peut méconnaître une inclination secrète, et qu’il ignore lui-même, pour la jeune comtesse. Louise ne voit dans tout cela que l’ébranlement du bonheur domestique, dont elle se croit si près ; et si, de temps en temps, les paysans fatiguent par leur pesanteur, Bremenfeld égaye la scène par sa suffisance, ses histoires et sa bonne humeur. Le gouverneur, tel que nous le connaissons déjà, passe toutes les bornes, et, le baron ne cessant de l’exciter, il se jette enfin dans les personnalités ; et, comme il ose traiter la contusion du jeune comte de chose insignifiante, et même ridicule, la comtesse éclate, et les choses vont si loin, que le gouverneur reçoit son congé. Le baron envenime le mal, et, le bruit devenant toujours plus fort, il profite de l’occasion pour faire auprès de Caroline de nouvelles instances, et la résoudre à un rendez-vous pendant la nuit. Au milieu de tout cela, la jeune comtesse se montre décidément violente, partiale, en ce qui touche sa dignité, opiniâtre, au sujet de ses possessions ; mais cette dureté est adoucie par un esprit naïf, parfaitement naturel, et, dans le fond, un vrai caractère de femme. On voit par là que cet acte se termine d’une manière assez tumultueuse, et que le goût ne peut tout à fait repousser, pour autant que le permet ce sujet scabreux. On regrettera peut-être que l’auteur ne se soit pas efforcé, quand il en était temps, de surmonter les difficultés d’une pareille scène.)