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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/255

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FRÉDÉRIQUE.

Qui s’y trouve ?

LE BAILLI.

Ma servante et mon copiste.

FRÉDÉRIQUE.

Vous avez tout entendu, monsieur le conseiller. Je vous ai épargné un long entretien. Prenez la clef et allez chercher le document. Si vous ne le rapportez pas, il aura menti, et je lui casserai la tête.

LE CONSEILLER.

Laissez-le venir avec moi : songez à ce que vous faites.

FRÉDÉRIQUE.

Je sais ce que je fais. Ne me mettez pas en fureur et courez. (Le Conseiller sort.)

LA COMTESSE.

Ma fille, tu m’effrayes. Mets ce fusil de côté !

FRÉDÉRIQUE.

Non certes pas avant que je voie le document.

LA COMTESSE.

N’entends-tu pas ? Ta mère l’ordonne.

FRÉDÉRIQUE.

Quand mon père sortirait du tombeau, je n’obéirais pas.

LA COMTESSE.

Si le coup partait…

FRÉDÉRIQUE.

Quel mal y aurait-il ?

LE BAILLI.

Vous auriez à vous en repentir.

FRÉDÉRIQUE.

Point du tout. Souviens-toi, misérable, qu’il y a une année, comme, dans ma colère, j’avais tiré sur le piqueur, qui battait mon chien, souviens-toi qu’au moment où je fus réprimandée, et où tout le monde bénissait l’heureux hasard qui m’avait fait manquer, tu fus le seul qui riait malicieusement, et tu disais : « Qu’en serait-il résulté ?… Un enfant de noble maison !… On aurait arrangé l’affaire avec de l’argent. » Je suis encore un enfant, je suis encore de noble maison : cela s’arrangerait aussi avec de l’argent,