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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/257

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ACTE CINQUIÈME.


Il fait nuit. La lune répand une faible clarté.


Le théâtre représente une partie du parc, qui a été déjà décrite ; des masses de rochers escarpés et sauvages, sur lesquelles on voit un château en ruines. La nature et les constructions sont entremêlées ; la ruine, comme les rochers, est couverte d’arbres et de buissons. Une crevasse sombre fait deviner des grottes ou même des passages souterrains.

Frédérique, portant un flambeau, sa carabine sous le bras, des pistolets à la ceinture, sort de la caverne en observant de tous côtés. Elle est suivie de la comtesse, qui tient son fils par la main. Après elle paraissent Louise, puis des domestiques chargés de coffres. On apprend que, de cet endroit, un passage souterrain mène aux caveaux du château ; on a verrouillé les portes contre l’attaque des paysans ; la comtesse a demandé qu’on leur annonçât, de la fenêtre, le document, qu’on le leur montrât et qu’ainsi l’on apaisât tout ; mais Frédérique n’a voulu absolument ni permettre aucune capitulation, ni se soumettre à la violence, quand même elle était d’accord avec ses vues. Elle a mieux aimé obliger les siens à fuir, pour gagner la campagne par ce chemin secret, et atteindre la résidence d’un parent voisin. On va se mettre en route, quand on voit de la lumière en haut, dans les ruines ; on entend du bruit : on se retire dans la caverne.

Jacques, le conseiller et un parti de paysans descendent. Jacques les avait rencontrés en chemin, et s’était efforcé de les gagner à la seigneurie. La voiture du conseiller, qui était parti, arriva au milieu d’eux. Cet homme de bien se réunit à Jacques, et il put ajouter à tous les autres motifs le principal argument, c’est que le compromis original était retrouvé. La troupe séditieuse fut apaisée, et même elle résolut de porter secours aux dames.

Frédérique, qui s’est mise aux aguets, désormais instruite de tout, s’avance au milieu de la troupe, à la grande joie du conseiller, du jeune paysan, et aussi des autres, auxquels elle présente le document. Une patrouille de cette troupe, qu’on avait envoyée à la découverte, revient, et annonce qu’une partie des révoltés arrive du château et s’avance. Tout le monde se cache, les uns dans la caverne, les autres parmi les rochers et les ruines.

Brême arrive avec un certain nombre de paysans armés ; il invective contre le gouverneur, qui est resté à l’écart, et il explique pourquoi il a laissé une partie de sa troupe dans les caves du château, et s’est rendu