Pandore poursuivait sa marche. Je suivis, en l’appelant avec joie, celle qui s’était éloignée ; mais elle, se tournant à demi vers moi, qui accourais, elle me jeta, de la main, un adieu manifeste. Je demeurai pétrifié ; je la suivis des yeux ; je la vois encore ! Trois cyprès de haute taille se dressent vers le ciel, à la place où tourne le chemin. Elle, marchant d’un pas agile, me montra encore une fois l’enfant, qu’elle élevait en l’air, et qui, hors d’atteinte, me tendait ses petites mains ; puis, tournant derrière les cyprès, elle disparut soudain ! Je ne l’ai jamais revue.
Nul ne doit trouver étrange ce qui arrive, s’il s’unit aux démons envoyés des dieux. Époux délaissé, je ne blâme point les transports de ta douleur. Qui fut heureux repasse son bonheur dans les larmes.
Oui, c’est mon sort. Ce fut toujours vers les cyprès que mes pas se dirigèrent. Je regardais de préférence du côté où, disparaissant à la fin, elle me laissa son image. « Par là, me disais-je, elle me reviendra peut-être. » Et je versais des torrents de larmes, en pressant contre moi cette enfant, au lieu de sa mère. L’enfant me regardait et pleurait avec moi, émue de compassion, étonnée, ne sachant rien… C’est ainsi que je traîne ma vie dans un éternel veuvage, soutenu par mes tendres soucis pour ma fille, qui a besoin de mes soins paternels, aujourd’hui que les peines de l’amour lui causent d’insupportables douleurs.
Dans l’intervalle, n’as-tu rien appris de ta deuxième enfant ?
Cruelle et prévenante, elle descend vers moi souvent, avec Phosphorus, parée comme un songe du matin. La flatteuse promesse coule de ses lèvres ; elle s’approche de moi, caressante, et balance et s’enfuit. Elle trompe ma peine par ses changements éternels, et, par ses oui répétés, elle trompe enfin mes prières, en m’annonçant même le retour de Pandore.
Je connais Elpore, mon frère ; c’est pourquoi je suis sensible à tes douleurs et reconnaissant pour mon peuple terrestre. Avec