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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/360

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de quel prince tu vas approcher, et quels hommes cette belle cité renferme dans son sein et quelles femmes !… Tu gardes le silence ? Songes-y bien ! Décide-toi !

Le Tasse.

Ce que tu me proposes est bien séduisant et tout à fait conforme au désir que je nourris en secret ; mais c’est trop nouveau. Je t’en prie, laisse-moi réfléchir : je me résoudrai bientôt.

Éléonore.

Je pars avec la plus belle espérance pour toi et pour nous et aussi pour cette maison. Songes-y seulement ! et, si tu y songes bien, tu imagineras difficilement quelque chose de meilleur.

Le Tasse.

Encore un mot, chère amie !… Dis-moi, comment la princesse est-elle disposée à mon égard ? Était-elle irritée contre moi ? Que disait-elle ?… Elle m’a beaucoup blâmé ?… Parle librement !

Éléonore.

Comme elle te connaît, elle t’a facilement excusé.

Le Tasse.

Ai-je perdu dans son esprit ? Ne me flatte point !

Éléonore.

On ne perd pas si aisément la faveur des femmes.

Le Tasse.

Me laissera-t-elle aller de bon gré, si je pars ?

Éléonore.

Assurément, si cela tourne à ton bien.

Le Tasse.

Ne perdrai-je pas les bonnes grâces du prince ?

Éléonore.

Tu peux te reposer avec confiance sur sa générosité.

Le Tasse.

Et laisserons-nous la princesse toute seule ? Tu t’en vas, et, si peu que je sois, je sais pourtant que j’étais quelque chose pour elle.

Éléonore.

Un ami absent nous est encore une très-agréable compagnie,