jouissance, la plénitude de la joie paternelle ?
LE ROI.
Tu parles de joies paternelles ! Les as-tu donc jamais senties ? Ton fils unique n’a-t-il pas attristé, par son caractère dur et sauvage, par ses désordres, sa prodigalité, son inflexible orgueil, tes jours bien remplis, ta paisible vieillesse ? A-t-il changé tout à coup de nature ?
LE DUC.
Je n’attends point de lui des jours heureux…. Son esprit sombre n’enfante que des nuages, qui souvent, hélas ! obscurcissent mon horizon. Une autre étoile, une autre lumière, me réjouit. Et, comme la fable dit que les escarboucles brillent dans les noires cavernes, et animent agréablement, de leur magnifique et doux éclat, la mystérieuse horreur de la nuit solitaire, j’ai aussi obtenu en partage, moi, mortel fortuné, un merveilleux trésor, que je garde avec joie et crainte, avec plaisir et souci, plus soigneusement que la possession de nos biens acquis ou héréditaires, que la lumière de mes yeux, de ma vie.
LE ROI.
Ne parle pas mystérieusement d’un mystère.
LE DUC. .
Qui parlerait avec assurance de ses fautes devant la majesté royale, si elle ne pouvait, elle seule, changer la faute en légitime jouissance et en bonheur ?
LE ROI.
Cet heureux trésor, secrètement gardé ?…
LE DUC.
Est une fille.
LE ROI.
Une fille ? Comment ? Mon oncle, pareil aux dieux de la fable, s’est-il tourné furtivement vers le monde inférieur, pour y chercher le bonheur de l’amour et les joies paternelles ?
LE DUC.
La grandeur, comme la bassesse, nous force de nous conduire et d’agir mystérieusement. Elle n’était que trop élevée, la condition