Des Domestiques apportent une cassette magnifique.
LA GOUVERNANTE.
Si je t’ai dérangée, j’amène avec moi quelque chose qui sans doute m’excusera.
EUGÉNIE.
De mon père ? Cette cassette magnifique ? Quels précieux trésors annonce un meuble si beau ! (Aux Domestiques.) Attendez ! [Elle leur donne une bourse.) Prenez cette bagatelle, pour premier salaire de votre message. Vous recevrez mieux ensuite. (Les Domestiques s’en vont.) Et sans lettre et sans clef ! Un pareil trésor me restera-t-il caché tout près de moi ? 0 curiosité ! ô impatience ! Devines-tu ce que peut me présager ce cadeau ?
LA GOUVERNANTE.
Je ne doute pas que tu ne l’aies toi-même deviné. Il présage certainement ta grandeur prochaine. On t’envoie la parure de la fille de prince, parce que le roi t’appellera bientôt.
EUGÉNIE.
Comment peux-tu le supposer ?
LA GOUVERNANTE.
Je le sais pourtant. Les secrets des grands sont observés.
EUGÉNIE.
Et, si tu le sais, pourquoi te le cacherais-je ? Dois-je, sans motif, réprimer devant toi le désir de voir ces présents ?… J’ai pourtant ici la clef…. A la vérité, mon père l’a défendu. Mais qu’a-t-il défendu ? De découvrir le secret avant le temps. Et tu l’as déjà découvert ! Tu ne peux rien apprendre de plus que tu ne sais, et tu garderas le silence pour l’amour de moi. Que tardons-nous ? Viens, ouvrons ! Viens, que le brillant éclat de ces cadeaux nous ratisse.
LA GOUVERNANTE.
Arrête ! Songe à la défense ! Qui sait pourquoi le duc en a prudemment ordonné ainsi ?
EUGÉNIE.