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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/418

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Il l’a ordonné avec intention, pour un but particulier, qui est manqué : tu sais déjà tout. Tu m’aimes ; tu es discrète et sûre. Fermons la porte ! Examinons d’abord entre nous ce mystère. (Elle ferme la porte de la chambre et court à la cassette.)

LA Gouvernante, retenant Eugénie.

Que l’or et les couleurs brillantes des étoffes magnifiques, le doux éclat des perles, le feu des bijoux, demeurent cachés ! Hélas ! ils l’entraîneront invinciblement à ce but lointain….

EUGÉNIE.

Ce qu’ils présagent est ce qui me ravit. (Elle ouvre le coffre ; on voit l’intérieur orné de glaces). Quelle étoffe précieuse se déploie à mes regards, dès que je l’ai touchée ! Et ces glaces, ne deinandent-elles pas d’abord à réfléchir à la fois la jeune fille et la parure ?

LA GOUVERNANTE.

Il me semble voir se déployer sous ma main le tissu mortel de Créuse.

EUGÉNIE.

Comment une idée si sombre s’offre-t-elle à ton esprit ? Songe aux joyeuses fêtes d’heureuses fiancées ! Viens ! Passe-moi chaque objet l’un après l’autre. La robe de dessous. Qu’avec richesse et grâce brille et se marie le pur éclat de l’argent et des couleurs !

La Gouvernante. Elle essaye la robe à Eugénie. Si jamais le soleil de la faveur voile son regard, cet éclat s’effacera soudain.

EUGÉNIE.

Une âme fidèle mérite ce regard, et, s’il voulait s’éloigner, elle le retient…. La robe de dessus, à l’étoffe d’or, attache-la de même. La queue traînera, largement déployée. L’émail des fleurs de métal forme aussi à cet or une bordure d’un goût délicat.

LA GOUVERNANTE.

Cependant les connaisseurs admirent davantage la simple beauté avec ses propres charmes.

EUGÉNIE.

La simple beauté est estimée du connaisseur, mais les ajustements parlent à