LE CONSEILLER.
Et son secret sera-t-il découvert à l’époux ?
LA GOUVERNANTE.
On le confiera à celui qui se sera confié.
LE CONSEILLER.
Et choisira-t-elle librement ce lien ?
LA GOUVERNANTE.
Un grand mal l’oblige à ce choix.
LE CONSEILLER.
La recherche, en pareil cas, est-elle loyale ?
LA GOUVERNANTE.
Le libérateur agit et ne subtilise point.
LE CONSEILLER.
Que demandes-tu avant toutes choses ?
LA GOUVERNANTE.
Il faut qu’elle se décide à l’instant.
LE CONSEILLER.
Ètes-vous réduites à une si pressante extrémité ?
LA GOUVERNANTE.
Déjà dans le port on s’empresse pour le départ.
LE CONSEILLER.
Lui as-tu précédemment conseillé une pareille alliance ?
LA GOUVERNANTE.
Je la lui ai fait entrevoir en termes généraux.
LE CONSEILLER.
A-t-elle repoussé avec indignation cette pensée ?
LA GOUVERNANTE.
Son premier bonheur était encore trop près d’elle.
LE CONSEILLER.
Ces belles images pourront-elles s’effacer ?
LA GOUVERNANTE.
La vaste mer l’a effrayée.
LE CONSEILLER.
Elle craint de quitter sa patrie ?
LA GOUVERNANTE. ’
Elle le craint, et je le crains comme la mort. O noble cœur, heureusement trouvé, n’échangeons pas timidement de vaines paroles ! Chez toi, jeune homme, vivent encore toutes les vertus