beaucoup de choses, au dedans comme au dehors, s’opposent à notre action, et la rendent absolument impossible. Je ne puis, je n’ose parler : souffre que je me retire.
EUGÉNIE.
Et quand tu devrais me tromper !… qu’un douteux, un rapide essor fût seulement permis pour quelques instants à ma fantaisie ! Offre-moi un mal au lieu d’un autre ! Je suis sauvée, si je puis choisir.
LE CONSEILLER.
Il est un moyen de te retenir dans la patrie. Il est doux, et même il a paru charmant à plusieurs. Il est en grande faveur devant Dieu et devant les hommes. De saintes forces l’élèvent au-dessus de l’arbitraire. Il procure le bonheur et le repos à quiconque l’accepte et sait se l’approprier. Nous lui devons la pleine consistance des biens terrestres qu’on désire, comme les plus belles perspectives de l’avenir. Le ciel lui-même l’établit, comme bien général de l’humanité, et laissa au bonheur, à l’audace, à l’inclination secrète, la liberté de le conquérir.
EUGÉNIE.
Quel paradis m’offres-tu dans ces énigmes ?
LE CONSEILLER.
Un bonheur que l’on crée soi-même, et qui est le ciel sur la terre.
EUGÉNIE.
Que me sert de réfléchir ? Je m’y perds.
LE CONSEILLER.
Si tu ne devines pas, il est loin de toi.
EUGÉNIE.
Nous le saurons, dès que tu te seras expliqué.
LE CONSEILLER.
Je hasarde beaucoup ! C’est le mariage.
EUGÉNIE.
Comment ?
LE CONSEILLER.
J’ai parlé : c’est à toi d’y réfléchir.
EUGÉNIE.
Ce mot m’étonne ; il m’inquiète.
LE CONSEILLER.
Regarde fixement ce qui t’étonne.
EUGÉNIE.
Il é