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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/454

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LE CONSEILLER.

Ah ! je le sais bien, un secours qui nous importune semble un fardeau trop pesant ; il n’excite que des combats intérieurs ; nous voudrions être reconnaissants, et nous sommes ingrats, car nous n’acceptons pas. Il faut donc nous séparer. Je veux du moins remplir envers vous auparavant les civilités et les devoirs de l’habitant d’un port, et vous offrir, comme adieu, une provision des dons bienfaisants de la terre, pour votre passage sur la mer stérile ; ensuite je me tiendrai là, les yeux immobiles, je verrai toujours, toujours plus loin, les voiles enflées, et fuir et disparaître mon espérance et mon bonheur. (Il s’éloigne.)

SCÈNE IV.

  • EUGÉNIE, LA GOUVERNANTE.

EUGÉNIE.

Dans ta main, je le sais, repose mon salut comme ma perte. Laisse-toi persuader ; laisse-toi fléchir ; ne me fais pas monter sur ce vaisseau !

LA GOUVERNANTE.

Toi seule tu règles ce qui doit nous arriver. Tu peux choisir. Je ne fais qu’obéir à la main puissante qui me chasse devant elle.

EUGÉNIE.

Pouvons-nous choisir, à ton avis, quand l’inévitable se trouve en présence de l’impossible ?

LA GOUVERNANTE.

L’alliance est possible, comme l’exil évitable.

EUGÉNIE.

Elle est impossible l’action que ne peuvent se permettre les nobles cœurs.

LA GOUVERNANTE.

Tu peux beaucoup pour cet homme vertueux.

EUGÉNIE.

Ramène-moi à une meilleure situation, et je reconnaîtrai ses offres par des récompenses infinies.

LA GOUVERNANTE.

Qu’il obtienne sur-le-champ, pour sa récompense, ce qui