Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/86

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SCÈNE VI.

LE COMTE, LE CHEVALIER.

LE COMTE.

Jeune homme !

Le Chevalier, qui, dans VintervaUe, est demeuré pensif et

immobile. Adieu, monsieur le comte….

LE COMTE.

Où allez-vous ? Je ne vous laisse point partir.

LE CHEVALIER.

Ne me retenez pas ! Je ne souffrirai pas qu’on me retienne !

LE COMTE.

Restez !

LE CHEVALIER.

Seulement le temps nécessaire pour vous remercier du bien que vous m’avez fait, des connaissances que vous m’avez procurées, de la bienveillance que vous m’avez témoignée. Et maintenant, adieu, adieu pour jamais ; car je ne voudrais pas me montrer ingrat envers mon bienfaiteur. Adieu ! et laissezmoi seulement vous dire encore que vos bienfaits ne me faisaient point rougir, parce que je croyais les devoir à un homme noble et grand.

, LE COMTE.

Poursuivez, poursuivez ; osez tout dire : vous ne quitterez pas la place auparavant.

LE CHEVALIER.

Vous le voulez, vous l’ordonnez, soit !… O comte, comment avez-vous, en ce quart d’heure, anéanti mon bonheur, mes espérances ? Ne m’avez-vous pas mieux connu, mieux jugé ?

LE COMTE.

En quoi me suis-je donc si fort trompé ? J’appris à vous connaître, comme un jeune homme qui désirait faire fortune, qui recherchait avec ardeur, même avec passion, le rang, la richesse, et d’autant plus passionnément, que sa position lui permettait moins de grandes espérances.