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LA GAGEURE.
COMÉDIE EN UN ACTE[1].




Scène I.

Une chambre d’auberge.
DORN, puis FŒRSTER.
dorn.

Je l’ai dit bien souvent (et qui ne le sait pas ?), qu’on forme aisément une entreprise, et qu’ensuite on l’exécute avec de grandes difficultés. Que sert-il de penser et de parler avec toute la sagesse possible ? Je m’engage de nouveau dans une affaire qui me sort tout à fait de mes habitudes. Dans la plus belle saison de l’année, je quitte ma maison de campagne ; je cours à la ville ; j’y trouve le temps long, et l’impatience me ramène ici. Maintenant, des fenêtres de cette méchante auberge, je vois mon château, mes jardins, et je n’ose y aller. Si du moins ce gîte n’était pas si mauvais ! Quand je veux m’asseoir, pas une chaise qui ne branle ; je ne trouve pas une cheville pour mon chapeau, et, véritablement, à peine un coin pour ma canne. Mais je passerai sur tout cela, pourvu que j’atteigne mon but et que le jeune couple soit heureux.

  1. Goethe a écrit cette comédie en prose.