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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/110

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SCÈNE I.

plaisanterie n’est pas fort de mon goût. Il peut en résulter des suites fâcheuses.

Dorn.

Nullement. Je suis persuadé que tout finira à l’avantage des deux amants. Quel que soit celui qui se montrera le plus faible, il n’y perdra rien ; car il prouvera en même temps la force de son amour. Si le plus ferme s’en fait un peu accroire, après quelque réflexion, il se trouvera humilié par le plus faible. Ils sentiront combien c’est une chose aimable de céder et de s’entendre ; ils se convaincront profondément du besoin pressant que l’on a d’une société, d’une véritable intimité des âmes, et combien il est insensé de croire que les occupations, les distractions, puissent dédommager un cœur aimant. On pourra leur représenter, avec plus de force, combien la mauvaise humeur trouble le bonheur domestique ; combien la trop grande vivacité amène après elle de tristes heures. Quand ces défauts seront corrigés, chacun reconnaîtra clairement et appréciera le mérite de l’autre, et évitera certainement toute occasion de plus sérieuses brouilleries.

Foerster.

Espérons le mieux ! Cependant le moyen n’en reste pas moins étrange ; mais peut-être nous-mêmes, avec notre vieille expérience, y apprendrons-nous quelque chose. Nous verrons qui d’elle ou de lui supportera le plus longtemps le poids de l’ennui et de la privation.

Dorn.

Voilà que l’on monte avec fracas tes effets dans l’escalier : viens, je t’aiderai à t’établir.(Ils sortent tous deux.)


Scène II.

Le château.
JEAN, FRÉDÉRIQUE.
Jean.

Monsieur n’est pas non plus ici ? Il n’est pas au jardin : où donc est-il ? J’ai quelques drôles de choses a lui conter.