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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/117

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LA GAGEURE.
Foerster.

Mais pourquoi ne demande-t-elle pas de ses nouvelles ? Jean ne disait-il pas qu’Edouard parle très-souvent d’Éléonore avec vivacité ? Il l’aime donc plus qu’elle ne l’aime ?

Dorn.

On voit bien que tu connais peu les femmes. Quand les vois-tu faire confidence de leurs sentiments ? Elles les surveillent soigneusement, et s’efforcent de les cacher à tous les yeux. Elles craignent par-dessus tout l’orgueilleux triomphe de la domination à laquelle prétendent les hommes ; elles aiment mieux renoncer à tout que de se trahir ; elles peuvent aimer pour elles-mêmes, en silence, et leurs sentiments sont d’autant plus ardents et plus durables. Les hommes, au contraire, sont plus impétueux ; aucune modestie ne les empêche de penser tout haut : aussi Edouard ne s’est-il point caché de Jean.

Frédérique.

Voulez-vous encore une preuve qu’elle l’aime ? Vous connaissez la jolie place du jardin qu’Edouard a décorée du nom d’Éléonore : elle la visite tous les jours ; silencieuse, les yeux baissés, elle reste là des heures entières, et la moindre bagatelle qu’il lui a donnée est toujours sur sa table. Souvent elle paraît éprouver quelque inquiétude, qui s’exprime par des soupirs. Oui, elle est malade d’amour, je le soutiens encore, et ne sera délivrée de cette situation…

Dorn.

Sois tranquille, Frédérique : tout se dénouera en son temps.

Frédérique.

Si j’étais à sa place, il y a longtemps que ce serait dénoué. (Elle sort.)


Scène IV.

DORN, FŒRSTER.
Dorn.

Je suis content : tout marche à souhait.

Foerster.

Mais si ta fille tombe malade ?