son ardeur. Éléonore aime peut-être Édouard plus tendrement encore qu’auparavant ; elle n’attend que le moment de rentrer dans ses premiers droits.
C’est ce que nous verrons.
Eh bien, observons-les tous deux. Au plafond de ces chambres est une ouverture secrète : allons-y nous convaincre par nous-mêmes. (Ils sortent.)
Scène V.
Éléonore est dans la chambre à droite, Edouard dans celle à gauche ; Dorn et Fœrster sont au-dessus. Edouard va et vient à pas précipités ; il se parle vivement à lui-même ; il paraît tantôt troublé, tantôt irrésolu. Éléonore, triste, un ouvrage à la main, regarde en soupirant du côté de la porte, puis ses yeux s’arrêtent sur un portefeuille au chiffre d’Edouard, et elle le baigne de larmes.
Non, je ne sortirai pas ! Où irais-je ? Qu’entreprendre ? Rien ne m’intéresse, tout me déplaît. Elle me manque ! Éléonore, ô la plus noble, la plus aimante, la plus aimable des femmes ! Où sont les heureux moments que je passais près d’elle, où elle m’enchaînait par sa ravissante figure, par son doux caractère ? Elle était ma première et ma dernière pensée ; sa sympathie, sa tendresse, doublaient chacun de mes plaisirs ; auprès d’elle je trouvais le délassement après le travail : à présent, je suis mécontent. Que de fois elle a égayé de tristes heures par son aimable chant ! Chaque mot qui parlait d’amour répondait doucement à mon cœur. De quel ravissement j’étais capable ! Ses caprices passagers ne sont pas même aussi fâcheux que je l’imaginais dans mon impatience. Pourquoi ai-je été si prompt ?