Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/154

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leurs nouvelles ; cependant les fleurs manquent dans la campagne : elle se couvre, en échange, d’une foule parée. Tourne-toi, et, de ces collines, regarde du côté de la ville. De la porte sombre, profonde, s’élance une multitude bigarrée. Chacun s’empresse aujourd’hui de chercher le soleil. Ils célèbrent la résurrection du Seigneur, car ils sont eux-mêmes ressuscites ; arrachés aux réduits obscurs de leurs basses maisons, aux chaînes du métier et du trafic, et’l’ombre étouffante des pignons et des toits, aux étroites rues, où ils s’écrasent, à la nuit vénérable des églises, ils sont tous amenés à la lumière. Vois donc, vois comme, avec empressement, la foule se disperse à travers les jardins et les champs, comme le fleuve promène en tout sens les joyeuses nacelles, et, surchargé jusqu’à sombrer, comme s’éloigne ce dernier esquif ! Même des lointains sentiers de la montagne brillent à nos yeux les vêtements de fête. J’entends déjà le tumulte du village : c’est ici le vrai ciel du peuple ; grands et petits poussent des cris de joie ; ici je suis homme, ici j’ose l’être.

WAGNER.

Se promener avec vous, monsieur le docteur, est à la fois honorable et avantageux ; mais je ne viendrais pas seul m’égarer dans ces lieux, parce que je suis ennemi de toute rusticité. Ces violons, ces cris, ces jeux de quilles, me sont un vacarme odieux ; ils se déchaînent, comme poussés par l’esprit malin, et voilà ce qu’ils appellent delà joie, ce qu’ils appellent des chants !


Paysans sous le tilleul. — Danse et chant.


PAYSANS, chantant.

Le berger s’était paré, pour la danse,
De veste bariolée, rubans et couronne ;
I1 avait mis ses habits de fête ;
Déjà la foule entourait le tilleul,
Et tous dansaient déjà comme des fous.
Ô gué ! ô gué !
Courage ! ô gué !
Et cependant l’archet trottait.
Il s’avança vivement,
Poussa du coude une fillette ;