Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/198

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S.

" Impertinente bête !

LE SINGE.

Prends ce goupillon, 
Et sur le siège place-loi. 

(Il force Méphistophélés de s’asseoir.)

Faust, qui, dans l’intervalle, s’est tenu devant un miroir, et tantôt

s’en est approché, tantôt s’en est éloigné. Que vois-je ? Quelle apparition céleste se montre dans ce miroir magique ? Amour, oh ! prête-moi ton aile la plus rapide, et mène-moi dans son pays ! Ah ! si je ne reste pas à cette place, si je hasarde d’approcher, je ne puis la voir que comme dans un brouillard…. La plus belle figure de femme !… Est-il possible qu’une femme soit si belle ? Dois-je, en cette figure couchée, voir l’abrégé de tous les cieux ? Rien de pareil se trouve-t-il . sur la terre ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Naturellement, quand un dieu s’est mis d’abord six jours à la torture, et qu’enfin lui-même il dit bravo ! quelque,chose de soigné doit prendre naissance. Pour cette fois, rassasie toujours la vue : je saurai te découvrir un petit trésor tel que celui-là, et bienheureux celui qui aura la bonne fortune de l’emmener chez lui comme époux ! (Faust continue à regarder dans le miroir. Méphistophélés se couche dans le fauteuil, et joue avec le goupillon.) Me voilà comme le roi sur le trône ; je tiens le sceptre : il ne me manque plus que la couronne. Les Animaux, qui jusque-là ont exécuté entre eux toute sorte de

mouvements bizarres, apportent uiic couronne à iléphistopliélès,

en poussant de grands cris.

Veuille, si telle esl la bonté, Avec la sueur eC le sang Coller celle couronne.

(Ils manient gauchement la couronne, et la brisent en deux

morceaux, avec lesquels ils sautent de côté et d’autre.) 
A présenl c’est fail I 
Nous parlons et voyons, 
Nous écoulons et rimons. 
Faust, devant le miroir. 

Malheur à moi ! Peu s’en faut que mon esprit ne s’égare.

MÉphistophÉlÈs, montrant