Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/211

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FAUST, MËPHISTOPHÉLÈS. Faust va et vient en rêvant ; Méphistophéies s’approche de lui.

MËPHISTOPHÉLÈS.

Par tout amour dédaigné !… Par les flammes de l’enfer !… Je voudrais savoir quelque chose de pire, pour l’attester et blasphémer à mon aise !

FAUST.

Ou’as-tu donc ? Quelle affaire te pique si fort ? Je ne vis de mes jours pareille grimace !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je me donnerais au diable sur l’heure, si je n’étais un diable moi-même.

Faust.

Quelque chose s’est-il dérangé dans ta cervelle ? Il te sied bien de te déchaîner comme un furieux !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Pensez donc, la parure que j’avais procurée pour Marguerite, un moine l’a enlevée ! La mère est venue à voir la chose, et soudain elle est prise d’une terreur secrète. Cette femme a l’odorat fort subtil ; elle a toujours le nez dans son livre de prières, et flaire chaque objet, afin déjuger si la chose est sacrée ou profane. Et, pour la parure, elle a deviné clairement qu’ell» n’apporterait pas beaucoup de bénédictions. « Mon enfant, s’est-elle écriée, le bien mal acquis enchaîne l’âme et consume le sang. Consacrons-le à la mère de Dieu : nous y gagnerons la manne du ciel. * La petite Marguerite fit la moue. « C’est un cheval donné, se disait-elle, et, en vérité, ce n’est pas un impie celui qui l’a si gentiment apporté là. » La mère lit venir un moine. Il eut à peine appris le tour, qu’il trouva l’objet fort à son gré. Il