Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/212

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dit : » Voilà ce qui s’appelle bien penser ! Qui renonce gagne. L’Église a un bon estomac ; elle a englouti des pays entiers, et ne s’est pourtant pas encore donné d’indigestion ; l’Église seule, mes chères femmes, peut digérer le bien mal acquis. »

Faust.

•C’est un usage universel : un juif, un roi, en peuvent faire autant.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Là-dessus il fit rafle de tout, agrafe, chaîne et bague, comme d’une simple bagatelle, ne remercia ni plus ni moins que si ce fût un panier de noix, leur promit ’toutes les récompenses du ciel, de quoi elles furent très-édifiées.

Faust.

Et Marguerite ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Elle est assise tout inquiète, ne sait ce qu’elle veut ni ce qu’elle doit faire, pense à la parure jour et nuit, et plus encore à celui qui l’avait apportée.

FAUST.

Le chagrin de ma bien-aimée m’afflige. Procure-lui sur-lechamp une nouvelle parure. La première n’était pas de si grande’valeur.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Oh ! oui, pour monsieur tout est jeu d’enfants.

FAUST.

A l’œuvre ! Arrange cela comme j’entends. Attache-toi à sa voisine. Ne sois pas un diable à l’eau rosé, et trouve une nouvelle parure !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Oui, très-honoré maître, de tout mon cœur. (Faust s’en va.) Un fol amoureux, tel que celui-là, vous ferait un feu d’artifice du soleil, de la lune et de toutes les étoiles, pour divertir sa maîtresse.