Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se meuvent en lui, sur l’homme et ce qui s’agite dans sa tête et dans son sein, des définitions, avec une grande force,le front levé, la cœur intrépide ? Et, si vous vouliez descendre franchement en vous-même, vous devriez l’avouer sans détour, vous en saviez autant sur tout cela que sur la mort de M. Schwerdtlein.

FAUST.

Tu es et lu seras toujours un menteur, un sophiste.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Oui, si notre science ne pénétrait pas quelque peu plus avant. Car demain n’iras-tu pas, en tout honneur, ensorceler la pauvre Marguerite et lui jurer l’amour le plus pur ?

Faust.

Et certes de tout mon cœur.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est bel et bon ! Ensuite vous parlerez de fidélité, d’amour éternel, d’inclination unique, irrésistible…. Sera-ce encore de

tout votre cœur ?

Faust.

Assurément !… Lorsque je suis ému, que, pour ce sentiment, pour ce trouble, je cherche un nom et n’en trouve point ; qu’ensuite, avec tous mes sens, je m’égare à travers le monde ; que je m’empare de tous les mots les plus sublimes, et que* cette ardeur dont je brûle, je la nomme infinie, éternelle…. est-ce là une imposture diabolique ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

J’ai pourtant raison.

FAUST.

Écoute, retiens ceci (je te prie d’épargner mes poumons) : celui qui veut gagner son procès, pourvu qu’il ait une langue, le gagne certainement. Viens, je suis las de ce bavardage ; car, si tu as raison, c’est surtout parce qu’il faut que j’obéisse.