Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/249

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LA NUIT DU SABBAT1.

Montagnes du Harz ; contrée de Schirke et dXlend J.

FAUST, MÉPHISTOPHÉLÈS.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ne désires-tu point un manche à balai ? Je voudrais avoir le ’bouc le plus vigoureux. En allant de la sorte, nous sommes encore loin du but.

Faust.

Aussi longtemps que je me sens ferme sur mes jambes, il me suffit de ce bâton noueux. Que sert-il d’abréger le chemin ?… Se couler dans le labyrinthe des vallées, puis gravir ces rochers, d’où la source éternelle jaillit et se précipite, c’est là le plaisir qui assaisonne une pareille promenade. Déjà le printemps se réveille dans les bouleaux, et déjà les pins mômes les ressentent : n’agirait-il pas aussi sur nos membres ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

En vérité, je n’éprouve rien de pareil. J’ai l’hiver dans le corps ; je voudrais, sur men chemin, la neige et les frimas. Comme tristement le disque échancré de la lune sanglante monte avec sa tardive lumière, et nous éclaire si mal, qu’à chaque pas on se jette contre un arbre, contre un rocher ! Permets quej’appelle un feu follet. J’en vois un là-Las qui, fort à propos, brille gaiement…. Holà ! mon ami, puis-je t’appeler à noiis ? Quelle fantaisie de flamber ainsi vainement ? Sois assez bon pour nous éclairer jusque là-haut.

1. La nuit de Walpurgis, de sainte Vaubourg. Elle tombe sur le 1" mal. C’est le sabbat des sorciers. y. Village et vallée les plus élevas du Harz.