Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/259

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N’y prends pas garde. Personne ne s’en trouve bien. C’est une figure fantastique, inanimée, une idole. La rencontre n’en est pas bonne. Son regard fixe glace le sang de l’homme, qui en est presque transformé en pierre. Tu as sans doute ouï parler de Méduse ?

Faust.

En vérité, ce sont les yeux d’une morte, qu’une main amie n’a pas fermés. Voilà le sein que m’a livré Marguerite ; voilà le corps charmant dont j’ai joui.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est de la magie, pauvre fou, facile à séduire ! Ce fantôme se montre à chacun sous les traits de sa maîtresse.

FAUST.

Quelle volupté ! Quelle souffrance ! Je ne puis quitter ce regard. Comme étrangement ce beau col est paré d’un seul petit cordon rouge, pas plus large que le dos d’un couteau !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Fort bien ! je le vois également. Elle peut même porter sa tête sous le bras, car Persée la lui a coupée…. Toujours ce goût pour les chimères ! Approchons de cette petite colline. L’endroit est aussi gai que le Prater1 ; et, si l’on ne m’a pas ensorcelé, je vois véritablement un théâtre. Qu’y a-t-il donc là ?

SERVIBILIS.

On va commencer tout à l’heure. Une pièce nouvelle, la dernière de sept. C’est ici l’usage d’en donner autant. Un amateur l’a écrite et des amateurs la joueront. Pardonnez-moi, messieurs, si je m’esquive : je cours lever le rideau en amateur.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je vous trouve sur le Blocksberg, et cela me paraît tout simple, car c’est bien votre place1.

1. Promenade de Vienne.

2. Ceci s’adresse aur personnes qu’il va tourner en ridicule dans l’intermède suivant.

SONGE