Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/309

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Mais qu’entends-je ? Quel bruit circule d’oreille en oreille, de bouche en bouche !… O nuit à jamais funeste, quels maux nous a-t-elle apportés !… Le jour de demain publiera ce que nul n’apprendra volontiers ; toutefois j’entends crier de toutes parts : « C’est l’empereur qui souffre ce supplice. » Oh ! que toute autre chose fût vraie !… L’empereur brûle avec sa troupe. Qu’elle soit maudite, elle qui l’a séduit ; qui s’est enlacée de rameaux résineux, afin de faire ici vacarme avec des chants furieux, pour la perte de tous ! O jeunesse, jeunesse, n’observeras-tu jamais une sage mesure dans le plaisir ? O majesté, majesté, n’agiras-tu jamais avec raison, comme autorité souveraine ?. .. Déjà la forêt est la proie des flammes ; leurs langues aiguës vont lécher les plafonds lambrissés, un incendie général nous menace. La mesure du désastre est comblée ; je ne sais qui pourra nous sauver. Une nuit fait son œuvre, et demain la ma• gnificence impériale ne sera qu’un monceau de cendres.

PLUTUS.

C’est répandre assez d’épouvanté. Il est temps de porter secours…. Frappez, puissance de la sainte baguette ! Que le sol tremble et retentisse ! Vastes champs de l’air, emplissez-vous de fraîches vapeurs ! Accourez, pour voltiger alentour, brouillards nébuleux, pesantes nuées, couvrez ce tumultueux embrasement, ruisselez, murmurez, moutonnez vos petits nuages, glissez en flottant, apaisez doucement, combattez partout pour éteindre. Vapeurs humides et rafraîchissantes, changez en orageux éclairs le jeu de ces vaines flammes !… Quand les esprits menacent de nous nuire, la magie doit se mettre à l’œuvre.