Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/331

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UNE CHAMBRE GOTHIQUE.

Cette chambre, étroite, aux voûtes ogives, autrefois celle de Faust, est telle qu’il l’avait quittée.

MÉPHISTOPHÉLÈS. Il sort de derrière un rideau. En le soulevant, il se retourne, et regarde Faust, étendu sur un lit du vieux temps.

Reste là couché, malheureux, engagé dans les chaînes de l’amour difficiles à rompre ! Celui qu’Hélène a paralysé ne revient pas aisément à la raison. (Observant autour de lui.) Que je regarde en haut, ici, là-bas, je vois tout dans le même état ; nul dommage. Les vitraux colorés sont, me semble-t-il, plus troubles ; les toiles d’araignée se sont étendues ; l’encre est desséchée, le papier jauni, mais tout est resté à sa place. Elle est même encore ici, la plume avec laquelle Faust s’est vendu au diable. Oui, au fond du tuyau est fixée une gouttelette de sang, que je lui ai tirée. Je souhaiterais une pièce si rare au plus fameux antiquaire. La vieille pelisse est aussi pendue au vieux crochet ; elle me fait souvenir des drôleries que j’enseignai un jour au novice, et que, jeune homme, il rumine peut-être encore. En vérité, il me prend fantaisie, chaude et grossière enveloppe, de m’unir à toi et de me rengorger encore une fois, comme-un professeur qui croit avoir pleinement la raison pour lui ! Les doctes savent arriver jusque-là : le diable depuis longtemps