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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/348

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MÉphistophelÈs, levant les yeux au ciel. L’étoile court après l’étoile ; la lune, échancrée, brille d’un vif éclat, et je me trouve bien à cette bonne place ; je me réchauffe contre ta peau de lion. Aller s’égarer là-haut, ce serait dommage : propose-nous des énigmes ; propose .du moins des charades.

UN SPHINX.

Veuille seulement t’expliquer toi-même : ce sera déjà une énigme. Essaye une fois de démêler le fond de ton être. Nécessaire à l’homme pieux comme au méchant : à l’un, un plastron, pour exercer son ascétisme ; à l’autre, un compagnon de folies : le tout, uniquement pour amuser Jupiter.

Premier Sphinx, grondant. 

Celui-là me déplaît. •

DeuxiÈme Sphinx, grondant plus fort. • Que nous veut-il ?

Les Deux Sphinx, ensemble. Ce vilain masque n’est pas des nôtres.

MÉphistophÉlÈs, brutalement.

Tu crois peut-être que les ongles de l’étranger ne chatouillent pas aussi bien que tes griffes aiguës ! Essaye un peu !

Le Sphinx, doucement.

Tu peux rester si cela te plaît, mais tu sentiras toi-même le besoin de fuir notre compagnie. Dans ton pays tu prenais du bon temps : sauf erreur, tu es ici d’assez mauvaise humeur.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tu es très-appétissant à voir d’en haut, mais par en bas la bête me fait horreur.

LE SPHINX.

Hypocrite, tu viens pour ta rude pénitence, car nos griffes sont saines, et toi, avec ton pied de cheval racorni, tu n’es pas à ton aise dans notre société. (Les sirènes préludent en haut.)

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Quels sont ces oiseaux, balancés dans les rameaux des peupliers du fleuve ?

UN SPHINX.

Prenez garde à vous ! Ces accents ont déjà triomphé des plus vaillants.

Les SirÈnes, chantant.