Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/398

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tiens fermés les ciseaux d’or, et annonce-nous le jour du salut. Car nous sentons déjà flotter, balancer, pendiller douloureusement nos membres délicats, qui aimeraient mieux se réjouir à la danse, et reposer ensuite sur le sein du bien-aimé.

. HÉLÈNE.

Laisse ces femmes trembler. Je sens de la douleur, je ne sens aucune crainte. Mais, si tu sais un moyen de salut, qu’il soit reçu avec reconnaissance ! Souvent à l’esprit sage, et qui embrasse un vaste horizon, l’impossible se montre, il est vrai, comme possible encore. Parle, explique-toi.

LE CHOEUR.

Parle, et dis-nous bien vite comment nous pourrons échapper aux lacets horribles, affreux, qui menacent, comme les plus détestables joyaux, de se serrer autour de notre gorge. Malheureuses que nous sommes, nous le sentons d’avance, jusqu’à étouffer, jusqu’à suffoquer, ô Rhéa, grande mère de tous les dieux, si tu n’as pitié de nous.

Phorcis.

Aurez-vous la patience d’écouter tranquillement le fil de ce long discours ? Ce sont diverses histoires.

LE CHOEUR.

Nous aurons assez de patience : en écoutant, nous vivons toujours.

PHORCIS.

Celui qui, sans quitter la maison, garde un noble trésor, et sait cimenter les murs de la haute demeure, comme aussi garantir le toit contre les assauts de la pluie, celui-là passera heureusement de longs jours ; mais celui qui, avec légèreté, avec étourderie, franchit, d’un pied fugitif, le seuil sacré de sa porte, trouve peut-être, à son retour, l’ancienne place, mais il trouve tout changé, sinon détruit.

HÉLÈNE.

A quoi bon, dans ce moment, ces maximes connues ? Tu’veux raconter : n’éveille pas de pénibles souvenirs.

Phorcis.

C’est du récit, ce n’est point un reproche. Ménélas navigua en pirate, de golfe en golfe ; îles et rivages, il côtoya tout en ennemi, revenant avec du butin, qui est là dedans entassé ; il passa