Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/407

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J’étais en quête des trésors ; je me laissais conduire par mes yeux perçants : je regardais dans toutes les poches ; toute armoire était transparente pour moi.

Et je m’appropriai des monceaux d’or et les plus magnifiques pierreries. L’émeraude seule mérite de verdoyer sur ton sein.

Que maintenant se balance entre l’oreille et la bouche la perle arrondie, tirée du fond des mers ; les rubis seront confus : l’éclat de tes joues les fait pâlir.

Ainsi j’apporte devant toi le plus grand des trésors. A tes pieds soit déposée la moisson de maintes batailles sanglantes.

Si nombreux qu’ils soient, les cofî’rets qu’ici je traîne, j’ai plus encore de coffres de fer. Souffre-moi sur ta trace, et je remplirai tes caveaux.

Car tu montes à peine sur le trône, que déjà s’inclinent, déjà se prosternent l’esprit et la richesse et la force devant l’unique beauté.

Tous ces trésors, je les tenais en réserve pour moi : maintenant je les abandonne ; ils sont fa toi. Je les croyais estimables, grands et précieux : maintenant je vois qu’ils n’étaient rien.

Ce que je possédais a disparu, comme une herbe fauchée et flétrie : oh ! daigne, avec un regard serein, lui rendre tout son prix !

FAUST.

Éloigne promptement ce trésor hardiment conquis ; retire-toi sans blâme, mais sans récompense. Déjà lui appartient tout ce que le château recèle dans spn enceinte : lui offrir quelque chose à part est inutile. Va, entasse avec ordre trésor sur trésor ; étale le spectacle imposant d’une magnificence infinie ; que les voûtes resplendissent comme le ciel pur ; arrange des paradis de choses inanimées ; cours, devance ses pas, et déroule, à la suite l’un de l’autre, les tapis semés de fleurs ; que son pied trouve un marcher moelleux et doux, son regard un éclat suprême ’, dont les dieux seuls ne soient pas éblouis.

LyncÉe.

Ce que le maître ordonne est peu de chose ; le serviteur l’exécute : c’est un jeu. Mais elle règne sur nos biens et notre vie, cette orgueilleuse beauté. Déjà toute l’armée est soumise ; tous les glaives sont émoussés, impuissants. Devant l’admirable