Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/441

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environs, les salles d’armes : ils étaient là à pied, à cheval, comme s’ils fussent encore les maîtres de la terre. Autrefois ils étaient chevaliers, rois, empereurs : maintenant ce ne sont plus que vaines coquilles d’escargots. Maint fantôme s’en est affublé ; le moyen âge, tout vivant, a fait sa toilette. Quelques diablotins qui soient nichés là dedans, pour cette fois, cela produira de l’effet. (Haut.) Écoutez comme d’avance ils se courroucent et s’entre-choquent avec un bruit d’armures ! Auprès des étendards flottent des lambeaux de bannières, qui attendaient avec impatience les fraîches brises. Écoutez, voici un ancien peuple tout prêt, qui volontiers prendrait part à la nouvelle bataille. (De formidables fanfares éclatent sur les hauteurs : l’armée ennemie est visiblement ébranlée.)

FAUST.

L’horizon s’est obscurci ; ça et là seulement étincelle avec force une rouge et menaçante clarté ; déjà les armes brillent sanglantes ; le rocher, le bois, l’atmosphère, le ciel entier se confondent.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

L’aile droite tient ferme ; mais je vois entre eux s’élever Hans Baufebold, le rapide géant, vivement occupé à sa manière.

L’empereur.

D’abord j’ai vu un bras levé ; maintenant j’en vois déjà une douzaine batailler : cela n’est pas naturel.

FAUST.

N’as-tu pas entendu parler de ces brouillards qui se promènent sur les côtes de Sicile ? Là, brillante et bercée à la lumière du jour, élevée dans la moyenne région de l’air, réfléchie dans certaines vapeurs, paraît une image singulière : les villes flottantes passent et repassent ; les jardins montent et descendent, selon qu’une image, après une autre, traverse l’éther. L’empereur.

Mais voici qui est bien suspect ! Je vois toutes les pointes des hautes piques jeter des éclairs ; sur les lances luisantes de notre phalange, je vois danser des flammes rapides : cela me semble par trop fantastique.

Faust.

Pardonne, sire, ce sont les vestiges de natures spirituelles, évanouies,