Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/50

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fuse son effet, il revient en arrière et frappe celui qui l’a lancé. Crainte sur crainte me traverse le cœur. Peut-être l’Euménide saisira-t-elle encore ’avec fureur mon frère sur le sol du rivage non consacré ; peut-être on les découvrira…. Il me semble entendre des hommes armés qui s’approchent…. Ici !… Le messager vient à pas rapides de la part du roi. Mon cœur bat, mon âme se trouble, à la vue de l’homme que je dois accueillir avec des paroles trompeuses.

SCÈNE II.

IPHIGÉNIE, ARCAS.

ARCAS.

Hâte le sacriiice, prêtresse : le roi l’attend et le peuple le réclame.

IPHIGÉNIE.

Je suivrais mon devoir et ton avis, si un obstacle inopiné ne se plaçait pas entre moi et l’accomplissement.

ARCAS.

Qu’est-ce qui s’oppose à l’ordre du roi ?

IPHIGÉNIE.

Le hasard, dont nous ne sommes pas maîtres.

ARCAS.

Apprends-moi donc la chose, afin que je l’instruise promptement, car il a résolu en lui la mort des deux étrangers.

IPHIGÉNIE.

Les dieux ne l’ont pas encore résolue. L’aîné de ces hommes a versé le sang d’un de ses proches et il en porte la peine. Les Furies suivent sa trace ; même le mal l’a saisi dans l’intérieur du temple, et sa présence a souillé cette pure enceinte. Maintenant je me rends à la hûte, avec mes vierges, au bord de la mer, pour baigner dans l’onde fraîche l’image de la déesse et accomplir une mystérieuse purification. Que nul ne trouble notre paisible marche.

ARCAS.

Je cours informer le roi de ce nouvel empêchement : toi, ne commence pas l’œuvre sainte avant qu’il l’ait permise.