Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/98

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Parle, est-ce la vérité ? Aurai-je tout cela ? Et tout cela, est-ce qu’ils me l’apportent ?

Polymetis. Oui, et plus encore.

ELPÉNOR.

Plus encore ?

POLYMÉTIS.

Beaucoup plus. Ils t’apportent ce que l’or ne peut acheter, ce que l’épée la plus forte ne peut te conquérir ; ce trésor, personne ne s’en passe volontiers, et l’orgueilleux et le tyran se repaissent de son ombre.

ElpÉnor.

Oh ! nomme-moi ce trésor, et ne me laisse pas en suspens devant cette énigme !

PolymÉtis.

Les nobles jeunes gens, les enfants qui viennent aujourd’hui au-devant de toi, t’apportent des cœurs dévoués, pleins d’espoir et pleins de confiance, et leurs visages joyeux sont les présages de mille et "mille autres qui t’attendent.

ElpÉnor. 

Le peuple se presse-t-il déjà dans les rues ?

POLYMÉTIS.

Chacun oublie ses affaires, son travail, et le plus nonchalant a pris l’essor : il n’a qu’un pressant besoin, c’est de te voir, et chacun, dans l’attente, croit fêter pour la seconde fois l’heureux jour qui te donna la vie.

EI.PÉNOR.

Avec quelle joie j’irai au-devant de ces joyeux amis !

POLYMÉTIS.

Oh ! puisse leur regard pénétrer jusqu’au fond de ton âme ! Car un regard pareil ne s’adresse à nul autre, pas même au roi. Ce que le vieillard aime à conter du bon vieux temps, ce que le jeune homme rêve pour lui dans l’avenir, l’espérance en tresse la plus belle couronne, et la tient, comme une promesse, sur le but fixé à tes jours.

ELPÉNOR.

Ils doivent m’aimer et m’honorer comme mon père.

POLYMÉTIS.