Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/245

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d’un grand plat. Elle offre deux griffons auprès d’une table de sacrifice. Ils sont du plus beau travail et me charment infiniment. S’ils étaient sur une pierre gravée, on en ferait un délicieux cachet. J’ai recueilli beaucoup d’autres choses, et rien d’inutile ou de frivole (ici ce serait impossible) : ce sont toutes choses instructives et intéressantes. Mais ce qui m’est le plus cher, c’est ce que je recueille dans mon âme et qui, s’accroissant toujours, peut toujours se multiplier.

Rome, 15 février 1787.

Je n’ai pu échapper avant mon départ pour Naples à une nouvelle lecture de mon Tphigènie. Madame Angélique et le conseiller Reiiïcnstein étaient mes auditeurs, et M. Zucchi luimême avait voulu en être, parce que c’était le désir de sa femme. Il travaillait cependant à un grand dessin d’architecture, où il réussit fort bien dans le genre de la décoration. Il a été avec Clérisseau en Dalmalie ; il s’était associé avec lui ; il dessinait les figures pour les édifices elles ruines que Clérisseau publiait. Par là il a si bien appris la perspective et l’effet, qu’il peut, dans ses vieux jours, se faire de ce travail un noble amusement.

L’âme tendre d’Angélique a été vivement touchée par cette pièce. Elle m’a promis d’en faire un dessin, qu’elle veut me laisser en souvenir. Et c’est justement quand je me dispose à quitter Rome qu’une douce liaison m’enchaîne à ces personnes- bienveillantes. Il m’est à la fois agréable et douloureux de penser qu’on me voit partir à regret.

Rome, 16 février 1787.

L’heureuse arrivée d’Iphiyènie m’a été annoncée d’une manière agréable et surprenante. Comme je me rendais à l’Opéra, on m’a apporté la lettre d’une main bien connue, et doublement bienvenue cette fois, scellée du petit lion, comme signe précurseur de l’heureuse arrivée du paquet. Je pénétrai dans la salle de spectacle et je cherchai, au milieu de la foule étrangère, une place sous le grand lustre. Là, je me sentis si rapproché des miens, que j’aurais voulu m’élancer et les serrer dans mes bras. Je vous remercie très-affectueusement de