Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/246

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m’avoir annoncé la simple arrivée. Puisse votre prochaine lettre m’apporter aussi quelques mots d’approbation !

La note ci-jointe indique la manière dont je désire qu’on distribue à mes amis les exemplaires que Goesehen m’a promis. Si l’opinion du public sur ce travail m’est tout à fait indifférente, je désire du moins qu’il fasse quelque plaisir à mes amis.

On entreprend trop de choses. Quand je pense à mes quatre derniers volumes en bloc, cela me donne presque le vertige. Je veux les prendre un à un : comme cela j’en viendrai à bout. N’aurais-je pas mieux fait de suivre ma première résolution, de lancer dans le monde ces choses par fragments et d’entreprendre, avec une ardeur et des forces vives, de nouveaux sujets, qui ont pour moi un intérêt palpitant ? Ne ferais-je pas mieux d’écrire Iphir/cnie à Delphes, que de me débattre avec les rêveries du Tasse. Et pourtant j’ai déjà trop mis de moi-même dans cette œuvre pour la laisser stérile. Je me suis établi dans le vestibule auprès de la cheminée, et, cette fois, la chaleur d’un feu bien nourri me donne le courage de prendre une nouvelle feuille ; car c’est une trop belle chose de pouvoir envoyer si loin ses plus fraîches pensées et répliquer là-bas à ses plus intimes amis. Le temps est superbe, les jours grandissent sensiblement ; les lauriers et les buis fleurissent, ainsi que les amandiers. J’ai été surpris ce matin par un singulier spectacle : jo voyais au loin de grands arbres en forme de perches, entièrement vêtus du plus beau violet : une observation plus attentive m’a fait reconnaître l’arbre, connu dans nos serres sous le nom d’arbre de Judée, le cercis siliquastrum des botanistes. Ses fleurs papilionacées naissent immédiatement sur la tige. Les perches que je voyais devant moi avaient été émondées pendant l’hiver, et de l’écorce sortaient par milliers les belles fleurs colorées. Les pâquerettes sortent de terre comme des fourmis ; le crocus et l’adonis sont plus rares, mais ils forment aussi une plus riche parure.

Quels plaisirs, quelles lumières ne me donneront pas les pays plus méridionaux ! Quels nouveaux résultats ne dois-je pas en attendre ! Il en est des objets naturels comme de l’art : ou a beaucoup écrit sur eux, et quiconque les voit peut les combiner d’une manière nouvelle. Lorsqu’on pense à Naples