Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/69

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Arrivés à un coude et nous reposant auprès d’une croix, nous vîmes sous nos pieds, au bout d’un vert et beau pâturage, qui s’avançait vers une gorge immense de rochers,le village d’Inden, avec une église blanche, adossée au rocher au milieu du paysage. Au-dessus de la gorge, s’élevaient encore des pâturages et des bois de sapins ; derrière le village, se dressait une grande paroi de granit ; à gauche, les montagnes descendaient jusqu’à, nous ; celles du côté droit prolongeaient aussi leurs arêtes au loin, en sorte que le petit village, avec son église blanche, était là comme le foyer de toutes ces masses et ces ravins convergents. Le chemin qui mèneàlnden est taillé dans la paroi de rochers qui ferme cet amphithéâtre à gauche en arrivant. Ce chemin n’est point dangereux, mais il est d’un aspect effrayant. Il descend sur les asisses d’une roche ardue, séparée, à droite, de l’abîme par une mauvaise planche. Un homme qui descendait en même temps que»nous avec un mulet, prenait, lorsqu il arrivait aux endroits dangereux, sa bête par la queue, pour lui prêter secours, quand elle trouvait devant elle la descente trop roide dans les rochers. Enfin nous arrivâmes à Inden, et, comme notre guide était bien connu, nous obtînmes aisément d’une femme obligeante un bon verre de vin rouge et du pain, car, dans ce pays, ils n’ont proprement point d’auberges. Ensuite nous gravîmes, derrière Inden, le haut ravin, où nous voyions devant nous cette Gemmi, dont on fait des descriptions si terribles, et, l ses pieds, les bains de Louèche, placés, comme dans le creux de la main, au milieu d’autres montagnes, hautes, inaccessibles et couvertes de neige. Il était environ trois heures quand nous arrivâmes. Notre guide nous eut bientôt procuré un logement. Il n’y a point d’auberge, mais toutes les maisons sont assez bien pourvues, à cause des nombreux baigneurs qui fréquentent ce lieu. Notre hôtesse est accouchée d’hier, et son mari, avec le secours d’une vieille mère et de la servante, fait très-bien les honneurs de la maison. Nous demandâmes qu’on nous préparât quelque nourriture, et nous allâmes voir les sources thermales, qui sortent de terre avec abondance en divers endroits, et sont proprement recueillies dans des bassins. Hors du village, du côté de la montagne, il doit se trouver encore quelques sources plus fortes. Cette eau n’a pas la moindre odeur sulfureuse. Aux lieux où elle