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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/109

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Hinze répondit :

« II vaudrait mieux nous rendre sur-le-champ à la cour, tels que nous voilà : la lune brille sur la bruyère, les chemins sont bons. »

Reineke répliqua :

« Je trouve qu’il est dangereux de voyager la nuit. Tel nous salue amicalement pendant le jour, qui, s’il nous rencontrait de nuit, pourrait bien nous faire un mauvais parti. »

Mais Hinze reprit la parole :

« Eh ! si je reste ici, mon neveu, apprenez-moi ce que nous mangerons. »

Reineke répondit :

« Nous vivons chétivement ; cependant, si vous restez, je vous servirai des rayons de miel tout frais. Je choisirai les plus purs.

— Je ne mange jamais de ces choses-là, reprit le chat en murmurant. S’il nese trouve rien àlamaison, donnez-moi une souris. Rien de mieux pour me repaître ; gardez le miel pour d’autres.

— Aimez-vous tant les souris ? dit Reineke. Parlez sérieusement : je puis vous en pourvoir. Mon voisin le curé a dans la cour une grange, où se trouvent des souris, plus qu’une charrette n’en pourrait emporter. J’entends le curé se plaindre qu’elles lui deviennent nuit et jour plus incommodes. »

Le chat dit étourdiment :

« Faites-moi l’amitié de me conduire chez les souris, car j’en fais plus de cas que du gibier et de tout au monde ; c’est mon plus friand régal. »

Reineke répondit :

« Alors, en vérité, vous allez faire un festin magnifique. Puisque je sais ce que je peux vous offrir, ne perdons point de temps. »

Hinze le crut et le suivit. Ils arrivèrent à la grange du curé, à la muraille de terre. Reineke l’avait subtilement percée la veille, et, par le trou, il avait volé au curé dormant le meilleur de ses coqs. Le petit Martinet, le fils chéri du prêtre, voulant en tirer vengeance, avait fixé adroitement, devant l’ouverture, une corde avec un lacet. Il espérait venger ainsi son coq du voleur, s’il revenait. Reineke s’en doutait et y prit garde. Il dit :

« Mon cher neveu, glissez-vous dedans par l’ouverture. Je