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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/118

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d’une poutre, sur laquelle un coq venait, d’habitude, percher, le soir, avec sept poules ; puis je le menai sur la place en silence : il avait sonné minuit. Le volet de la fenêtre, appuyé d’une latte légère, était encore ouvert : je le savais. Je fis semblant de vouloir entrer, mais je me pliai et je laissai l’oncle passer le premier. « Entrez sans gène, lui dis-je. Si vous voulez « réussir, soyez alerte. 11 en vaut la peine : vous trouverez des « poules grasses. » II se glissa dedans avec précaution ; il tâtonnait doucement ça et là, et dit enfin avec colère : « Oh ! que vous « me conduisez mal ! Je ne trouve pas une plume de poule. » Je dis : « Celles qui se perchaient en avant, je les ai gobées moi« même ; les autres sont perchées en arrière. Avancez, sans « vous rebuter, et marchez avec précaution. » La poutre sur laquelle nous marchions était étroite, il faut le dire. Je le laissais avancer toujours, et me tenais en arrière ; je reculai jusqu’à la fenêtre et j’enlevai la cheville. Le volet se ferma et battit. Le loup tressaillit, il prit peur, et, tremblant, il tomba lourdement par terre de l’étroite solive. Les gens s’éveillèrent avec effroi. Ils dormaient auprès du feu. « Dites-moi, qu’est-il tombé par « la fenêtre ici dedans ? » s’écria tout le monde. On se lève en sursaut ; on se hâte d’allumer la lampe. Ils trouvèrent le loup dans un coin, et le rossèrent etlui tannèrent la peau rudement. J’admire qu’il en soit réchappé. Je vous confesse encore que j’ai souvent visité en secret Mme Giremonde, e^aussi ouvertement. Cela, j’aurais dû sans doute m’en abstenir. Plût au ciel que la chose ne fût jamais arrivée, car, tant qu’elle vivra, elle aura de la peine à digérer cet affront. A présent je vous ai confessé, autant que je puis m’en souvenir, tout ce qui pesé sur mon âme. Donnez-moi l’absolution, je vous en prie. Je subirai avec humilité la pénitence la plus dure que vous m’imposerez. »

Grimbert savait se conduire en pareille rencontre. Il rompit, au bord du chemin, une petite branche, et il dit :

« Mon oncle, donnez-vous sur le dos trois coups de cette verge, et posez-la par terre, comme je vous le montre. Sautez ensuite trois fois par-dessus, puis baisez doucement la verge et montrez-vous obéissant. Telle est la pénitence que je vous impose : sur quoi je vous déclare exempt et affranchi de tous