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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/133

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cie aujourd’hui d’avoir sacrifié ton propre père pour sauver le roi ! Où trouvera-t-on des gens qui se sacrifient eux-mêmes, uniquement pour prolonger votre vie ? » " Le roi et la reine avaient senti une grande envie d’acquérir le trésor ; ils se retirèrent à l’écart, et ils appelèrent Reineke, pour l’entretenir en particulier. Ils le questionnèrent vivement.

« Parlez, où gardez-vous le trésor ? Nous voudrions le savoir. »

Reineke répondit :

« Que me servirait-il de signaler ces richesses magnifiques au roi qui me condamne, puisqu’il aime mieux croire mes ennemis, les voleurs et les meurtriers, qui vous enveloppent de mensonges pour m’arracher la vie ?

— Non, répliqua la reine, non, il n’en sera pas ainsi. Mon seigneur vous laisse la vie et il oublie le passé. Il se surmonte et il n’est plus en colère. Mais, à l’avenir, agissez plus sagement, et soyez toujours le fidèle serviteur du roi. »

Reineke répondit :

« Noble dame, engagez le roi à m’assurer en votre présence -qu’il me reçoit en grâce ; qu’il ne me garde aucun ressentiment de tous mes crimes et méfaits, et de tout le mécontentement que j’ai eu le malheur de lui causer, et certainement aucun roi ne possédera de nos jours une richesse pareille à celle qu’il acquerra par ma fidélité. Le trésor est grand. Je vous montrerai l’endroit : vous serez étonnés.

— Ne le croyez pas, repartit le roi : mais, s’il parle de vols, de mensonges et de brigandages’, à la bonne heure, vous pouvez le croire ; car, en vérité, il ne fut jamais de plus grand menteur. »

La reine reprit la parole : •

« Certes, jusqu’à ce jour, sa conduite lui a valu peu de confiance ; cependant songez qu’il a inculpé cette fois son oncle le blaireau et son propre père et déclaré leurs crimes. S’il l’avait voulu, il pouvait les épargner ; il pouvait faire sur d’autres animaux de pareils contes. Il ne mentirait pas si follement.

— Si c’est votre avis, reprit le roi, et si vous pensez que ce soit le plus sage, pour qu’il n’en résulte pas un plus grand mal,