Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/149

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du roi. Lui, et tous ceux qui .régneront après lui, la maintiendront. Oubliez seulement ce qui vous est arrivé de fâcheux ; jurez de lui être dévoués et fidèles : vous le pouvez avec hon^ neur. Jamais il ne vous fera plus aucun tort. Je vous le conseille, acceptez la proposition. »

Ainsi fut conclu l’accommodement. Le bélier dut le payer de sa vie, et depuis lors tous ses parents sont poursuivis sans cesse par la redoutable engeance d’Ysengrin. Ainsi commença la haine éternelle. Maintenant les loups continuent à sévir, sans pudeur et sans crainte, contre les agneaux et les moutons ; ils croient avoir la justice de leur côté ; leur courroux n’en épargne aucun ; ils ne se laissent jamais fléchir. Mais, en faveur de Brun et d’Ysengrin, et pour leur faire honneur, le roi tint sa cour douze jours de plus ; il voulait montrer publiquement combien il avait à cœur de satisfaire les barons.

CHANT SEPTIEME.

On vit alors la cour magnifiquement ordonnée et disposée ; maints chevaliers arrivèrent ; les quadrupèdes furent suivis d’innombrables oiseaux, et tous ensemble rendirent de grands honneurs à Brun et Ysengrin, qui oublièrent leurs souffrances. Ils se virent fêtés par la meilleure compagnie qui se fût jamais rassemblée. Trompettes et timbales résonnaient. Le bal de la cour fut du meilleur goût. On servit avec profusion ce que chacun pouvait désirer. Messagers sur messagers coururent le pays et convièrent les hôtes. Oiseaux et bêtes se mirent en chemin ; ils venaient par couples, voyageaient de jour et de nuit, et se hâtaient d’arriver. Mais Reineke, le renard, resta chez lui aux écoutes ; il n’avait pas dessein de se rendre à la cour, le faux