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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/25

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jeunes poulains, et qu’il ne confiait à personne, et le palefrenier dit : » II est allé au jardin. À’Alors elle traversa, d’un pas rapide, les deux longues cours, laissa derrière elle les écuries et les granges bien bâties, entra dans le jardin, qui s’étendait jusqu’aux murs de la petite ville ; elle le parcourut, et observait avec plaisir chaque progrès, redressait les appuis, sur lesquels reposaient les branches du pommier, chargées de fruits, comme les pesants rameaux du poirier ; elleôtait, en passant, quelques chenilles sur les choux rebondis, car une femme diligente ne fait jamais un pas inutile. Elle était ainsi arrivée au bout du grand jardin, jusqu’au berceau couvert de chèvrefeuille. Elle n’y trouva pas plus son fils qu’elle ne l’avait aperçu jusqu’alors dans le jardin ; mais elle n’était qu’appuyée, la petite porte qu’un aïeul, digne bourgmestre, avait percée autrefois, par faveur spéciale, dans le mur de la ville, et la mèçe passa commodément le fossé sans eau, à l’endroit où l’on montait, dès le bord du chemin, par un sentier rapide à la vigne bien close et tournée au soleil. Elle suivit aussi le sentier, et, au passage, elle se plaisait à voir l’abondance des grappes, qui se cachaient à peine sous les feuilles. Ombreuse et touffue, une allée en berceau s’élevait au milieu ; on la montait par un escalier de pierres plates non taillées ; au dedans, le chasselas et le muscat pendaient en grappes violettes, d’une grosseur merveilleuse, tous cultivés avec soin, pour orner le dessert des voyageurs ; le reste de la colline était couvert de ceps isolés, portant des grappes plus petites, desquelles on tire un excellent vin. Elle montait ainsi, songeant avec plaisir à l’automne et au jour de fête, où la contrée, dans l’allégresse, cueille et foule le raisin, et verse le moût dans les tonneaux ; le soir, les feux d’artifice brillent et détonent de toutes parts, célébrant ainsi la plus belle des récoltes. Cependant la mère avançait, plus inquiète, lorsqu’elle eut appelé son fils deux et trois fois, sans recevoir de réponse que les sons multipliés d’un écho babillard, qui partait des tours de la ville. Elle était si peu accoutumée à le chercher ! Il ne s’éloignait jamais sans le lui dire, afin d’ôter à sa tendre mère le souci et sa crainte des accidents. Mais elle espérait toujours de le trouver sur son chemin, car les portes de la vigne, celle d’en haut comme celle d’en bas, étaient également ouvertes. Elle entra donc dans le