Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/286

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25 mai.

J’avais en tête une chose dont je ne voulais rien vous dire, jusqu’à ce qu’elle fût arrangée : maintenant, l’affaire n’ayant pas de suite, je puis tout aussi bien m’expliquer. Je voulais entrer au service. Cela m’a tenu longtemps au cœur. C’est surtout dans cette vue que j’avais suivi le prince, qui est général au service de…. Je lui ai découvert mon projet dans une promenade : il m’en a dissuadé, et il y aurait eu chez moi plus de passion que de fantaisie, si j’avais refusé de prêter l’oreille à ses raisons.

11 juillet.

Dis ce que tu voudras, je ne puis rester davantage. Que faisje ici ? Je commence a trouver le temps long. Le prince me traite aussi bien que possible, et pourtant je ne suis pas à mon, aise. Au fond nous n’avons rien de commun l’un avec l’autre. C’est un homme d’esprit, mais d’un esprit tout à fait commun ; sa conversation ne m’intéresse pas plus que ne ferait la lecture d’un livre bien écrit. Je resterai encore huit jours, et puis je recommencerai mes courses vagabondes. Ce que j’ai fait de mieux ici, c’est de dessiner. Le prince a le sentiment de l’art, et l’aurait plus vif encore, s’il était moins enchaîné par les ennuyeuses formes scientifiques et par une banale terminologie. Quelquefois je me mords les lèvres, lorsque mon imagination échauffée le promène dans les domaines de l’art et de la nature, et qu’il pense faire merveille, eu jetant tout à coup à la traverse quelque terme technique.

16 juillet.

Oui, je ne suis qu’un voyageur, un passager sur la terre ! Et vous donc, êiés-vous davantage ?