Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


27 octobre.

Je me déchirerais la poitrine, je me battrais la tête contre les murs, quand je vois combien nous pouvons peu de chose les uns pour les autres. Ah ! l’amour, la joie, l’ardeur et la volupté que je ne porte pas en moi, un autre ne saurait me les donner, et je ne rendrai pas heureux celui qui est là devant moi sans chaleur et sans force.

27 octobre, au soir.

Tant de choses en moi, et sa pensée absorbe tout- tant de choses, et, sans elle, tout ne m’est rien.

30 octobre.

Si je n’ai pas été déjà cent fois sur le point de me jeter à son cou ! Le grand Dieu sait ce que l’on souffre à voir passer et repasser devant soi tant de charmes, sans oser y porter la main ; et porter la main sur les choses est pourtant le penchant le plus naturel de l’humanité. Les enfants ne veulent-ils pas saisir tout ce qui tombe sous leurs sens ? Et moi !…

3 novembre.

Dieu le sait, je me couche souvent avec le désir, quelquefois même avec l’espérance de ne pas me réveiller, et, le matin,, j’ouvre les yeux, je revois le soleil et je suis malheureux. Oh ! si je pouvais être fantasque, si je pouvais m’en prendre au temps qu’il fait, à un tiers, à une entreprise manquée, l’insupportable fardeau du mécontentement ne pèserait sur moi qu’à demi. Malheur à moi ! Je sens trop bien que toute la faute est à