Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/7

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HERMANN ET DOROTHÉE

CALLIOPE.

Malhenr et compassion.

« Je n’ai jamais vu la place et les rues aussi désertes. La ville est comme balayée, comme morte. Il ne reste pas, je crois, cinquante de tous nos habitants. Que ne peut faire la curiosité ! Tout le monde court et se précipite, pour voir le triste passage des pauvres bannis. Jusqu’à la chaussée qu’ils suivent, il y a bien une petite lieue, et l’on y court dans la brûlante poussière de midi. Moi, je ne voudrais pas bouger de la place, pour contempler la détresse de ces malheureux fugitifs, qui, délaissant, hélas ! avec les effets qu’ils ont sauvés, les belles campagnes d’outre-Rhin, passent chez nous, parcourent l’heureuse retraite de cette fertile vallée et en suivent les contours. Tu as fait une bonne action, ma femme, d’envoyer charitablement notre fils avec du vieux linge et quelque chose à boire et à manger, pour le distribuer à ces indigents : donner est le devoir du riche. Gomme il est bon cocher, notre jeune homme, et comme il tient les chevaux en bride ! La nouvelle voiture a très-bonne façon : quatre personnes y seraient à leur aise, et le cocher sur le siège. Pour cette


1 Goethe a écrit ce poSme en vers hexamètres, ainsi que l’Achilléidc et le* Rnmon du Renard.