Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/91

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LE ROMAN DU RENARD.

CHANT PREMIER.

Pentecôte, l’aimable fête, était venue ; les champs et les bois étaient verts et fleuris ; sur les hauteurs et les collines, dans les bosquets et les buissons, les oiseaux, nouvellement éveillés, gazouillaient leurs joyeuses chansons ; chaque prairie se jonchait de fleurs dans les vallons embaumés ; le ciel serein, la terre diaprée, brillaient avec un air de fête.

1. Le titre de ce poème est, dans l’original, Reineke Focns, qu’il faudrait traduire par Reineke Le Renard, mais Reineke, Reinke ou Reinhart étant au fond le même mot que noire Renard (qui en est dérivé et a remplacé le vieux goupil), ce rapprochement serait d’un effet désagréable. Nous avons préféré le titre sous lequel cette épopée du moyen âge est si célèbre chez nous.

En effet le poûme de Goethe n’est jias une œuvre originale. C’est la traduction, abrogée en quelques endroits, développée’en quelques autres, du Reinke Vos, qui parut à Lubeck en 1498, écrit dans le dialecte de la basse Allemagne, et dont Nicolas Daumann est présumé l’auteur. Baumann a suivi ou simplement traduit des ouvrages plus anciens ; mais il a su élever son récit à la hauteur d’un poème épique, en agrandissant le sujet par des développements heureux, et en lui donnant l’unité qui lui manquait.

La traduction de Goethe reproduit fidèlement le sens et l’esprit de l’original ; mais le choix des expressions et l’emploi de l’hexamètre, qui ont donné à l’œuvre une forme plus moderne, ont effacé, en même temps, plus d’un trait naïf et quelques grâces particulières au dialecte.

Nous avons conservé dans notre traduction les noms propres allemands, sauf. lorsqu’ils étaient à peu près semblables à ceux qu’on trouve dans notre Roman du Renard. Nous avons alors adopté ceux-ci, avec l’orthographe, d’ailleurs assez irrégulière, des textes primitifs.