Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



Chapitre VI

Un mélange de chagrin et de reconnaissance agita Wilhelm tout le reste du jour ; mais, vers le soir, il trouva de quoi s’occuper, Mélina étant venu lui dire en confidence que le comte lui avait parlé d’un prologue, qui devait être débité en l’honneur du prince, le jour de son arrivée. Il voulait y voir personnifiées les qualités de ce héros, ami des hommes ; ces vertus devaient paraître ensemble, publier ses louanges, et couronner enfin son buste de fleurs et de lauriers. Un transparent ferait voir en même temps son chapeau de prince et son chiffre illuminés. Le comte l’avait chargé de versifier et de mettre en scène cette pièce, et il espérait que Wilhelm, pour qui c’était chose facile, voudrait bien le seconder.

«  Eh quoi ? s’écria Wilhelm avec chagrin, n’avons-nous que des portraits, des chiffres et des figures allégoriques, pour honorer un prince qui, à mon avis, mérite de tout autres louanges ? Quel spectacle flatteur pour un homme raisonnable de se voir représenté en effigie et son nom briller sur du papier huilé ! Je crains fort que les allégories, surtout avec une garde-robe telle que la nôtre, ne prêtent aux équivoques et aux plaisanteries. Si vous voulez faire la pièce, ou bien en charger quelqu’un, je n’ai rien à dire à la chose, mais je vous prie de m’en dispenser. »

Mélina lui représenta que c’était seulement l’idée approximative du comte, qui leur laissait du reste la liberté d’arranger la pièce comme ils voudraient.

«  C’est de grand cœur, reprit Wilhelm, que je contribuerai en quelque chose au plaisir de cet excellent seigneur, et ma muse n’a pas eu encore d’occupation aussi agréable que celle de