Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/169

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assez occupé à donner des avis, à reprendre, à diriger, s’oublia complètement dans ces détails, et, Mme Mélina ayant parlé tout à fait selon ses idées, l’illumination ayant bien réussi, il se déclara pleinement satisfait. Pourtant, lorsque tout fut fini, et qu’on se rendit aux tables de jeu, la différence parut enfin le frapper, et il se demanda si la pièce était bien de son invention. Alors, sur un signe qu’on lui fit, Jarno sortit de son embuscade ; la soirée se passa ; la nouvelle de l’arrivée du prince se confirma ; on fit quelques promenades à cheval pour voir l’avant-garde, campée dans le voisinage ; la maison était pleine de tumulte et de bruit. Cependant nos comédiens, que les domestiques, mal disposés, ne servaient pas toujours au mieux, durent passer leur temps au vieux château, dans l’attente, et livrés à leurs exercices, sans que personne songeât trop à ce qu’ils devenaient.

Chapitre VIII

Enfin le prince était arrivé : les généraux, l’état-major et les autres personnes de la suite, qui arrivèrent en même temps, les nombreux étrangers qui se présentèrent, soit pour affaires, soit pour offrir leurs hommages, firent du château comme une ruche, dont l’essaim va prendre l’essor. Chacun se pressait pour voir l’excellent prince, et chacun admirait sa bienveillance et son affabilité ; chacun s’étonnait de trouver, dans le héros et le général, l’homme de cour le plus aimable.

D’après l’ordre du comte, tous les gens de la maison devaient être à leur poste à l’arrivée du prince. Aucun acteur ne devait se montrer, parce qu’il fallait que la solennité préparée fût pour lui une surprise ; et, en effet, le soir, quand on le conduisit dans la grande salle, brillamment éclairée, tendue de tapisseries de