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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/242

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238 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

« Elle court après son inndèle, toi tu cours après elle, moi je cours après toi, et le frère après Philine. S’il n’y a pas là de quoi s’amuser six mois, je veux bien mourir, au premier épisode qui viendra se jeter dans la quadruple intrigue de ce roman. »

En finissant, la jeune comédienne pria Wilhelm de ne pas lui faire tort, et de lui témoigner autant d’estime qu’elle vou-~ lait en mériter par sa conduite publique.

CHAPITRE XV.

Le lendemain, Wilhelm alla rendre visite a MmeMélina.’et ne la trouva pas chez elle ; il demanda les autres membres de la troupe ambulante, et il apprit que J’hiline les avait invités à déjeuner. Il y courut, par curiosité, et les trouva tous joyeux et consolés. L’adroite créature les avait réunis, leur avait offert le chocolat, et leur donnait à entendre que tout espoir n’était pas perdu. Elle saurait, disait-elle, faire comprendre au directeur combien il serait avantageux pour lui de recevoir dans sa troupe des gens de ce mérite. Ils écoutaient dévotement, buvaient tasse sur tasse, trouvaient que la jeune personne était assez gentille, et ils se promettaient de chanter ses louanges. x Croyez-vous donc, lui dit Wilhelm, lorsqu’ils furent seuls, que Serlo pourra se résoudre encore à garder nos camarades ? Nullement, répondit-elle, et je ne m’en soucie pas du tout, Je voudrais les voir déjà partis, et ne tiendrais à garder que Laërtes. Nous écarterons peu a peu les autres. » Là-dessus, elle fit entendre à notre ami qu’elle était parfaitement convaincue qu’il ne laisserait pas plus longtemps son talent enseveli, et qu’il monterait sur la scène, sous un directeur tel que Serlo. Elle ne pouvait assez vanter l’ordre, le goût,