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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/280

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276 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

Qui peut en effet trouver le moindre plaisir dans un capital mort ? Voici donc ma joyeuse profession de foi faire ses affaires, gagner de l’argent, se divertir avec les siens, et ne s’inquiéter des autres qu’autant qu’on peut s’en servir. a Mais, vas-tu dire, dans votre beau plan avez-vous pensé « a moi ? Où logerai-je, si vous me vendez la maison paternelle, et s’il ne reste pas la moindre place dans la vôtre ? « C’est là sans doute le point essentiel, mon petit frère, et je te donnerai là-dessus les explications nécessaires, aussitôt que je t’aurai décerné les éloges que tu mérites, pour le merveilleux emploi que tu as fait de ton temps.

Il Dis-moi, je te prie, comment tu as fait pour devenir, en quelques semaines, connaisseur en tout ce qu’il y a de choses utiles et intéressantes ? Je te sais une grande capacité, mais je ne t’aurais pas supposé si attentif et si appliqué ! Ton journal nous a prouvé avec quel profit tu voyages ; la description des forges de fer et de cuivre est excellente, et prouve une grande intelligence des choses. Je les ai aussi visitées autrefois ; mais, comparée à la tienne, ma relation parait l’œuvre d’un écolier. Tout ce que tu dis sur la fabrication de la toile est très-instructif, et ton observation sur la concurrence est d’une parfaite justesse. Ça et la tu as fait dans les additions quelques erreurs, qui sont t d’ailleurs fort excusables.

Mais ce qui nous a fait le plus grand plaisir, a mon père et à moi, ce sont tes vues solides sur l’économie domestique, et particulièrement sur l’amélioration des terres. Nous avons l’espérance d’acheter, dans un pays très-fertile, un grand domaine, maintenant en séquestre. Nous y appliquerons la somme que produira la vente de votre maison ; une partie sera empruntée, une partie laissée en hypothèque, et nous comptons sur toi pour t’établir dans le domaine et présider aux améliorations. En quelques années la propriété vaudra, pour ne pas trop dire, un tiers de plus. On la revend on en cherche une plus grande on l’améliore et on la revend aussi. Tu es pour cela l’homme qu’i~ nous faut. Pendant ce temps, nos plumes ne resteront pas oisives au logis, et bientôt nous serons en état de faire envie. «. Maintenant, adieu Jouis de la vie en voyage, et va où tu espères trouver plaisir et profit. Avant six mois.d’ici, nous n’a