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412 LES ANNEES D’APPRENTISSAGE

depuis longtemps, apprit l’affaire et défia le baron, qu’il vient de blesser, mais j’apprends que le colonel lui-même s’en est encore plus mal tiré.

Depuis ce moment, notre ami fut traité dans le château comme un membre de la famille.

CHAPITRE III.

On faisait quelquefois des lectures au malade Wilhelm lui rendait avec plaisir ce petit service. Lydie ne quittait pas le chevet de Lothaire, tout absorbée par les soins qu’elle lui donnait. Ln jour il parut lui-même préoccupé, et pria le lecteur de s’arrêter.

« Je sens bien vivement aujourd’hui, dit-il, avec quelle folie l’homme laisse le temps lui échapper. Que de projets n’ai-je pas formés ! que de méditations et comme on hésite à exécuter s~s meilleurs desseins ! J’ai relu les projets de changements que je veux faire dans mes domaines, et, je puis le dire, c’est surtout pour cela que je me réjouis que la balle n’ait pas pris un chemin plus dangereux. »

Lydie le regarda tendrement ; elle avait les larmes aux yeux, comme pour lui demander si elle-même, si ses amis, ne concouraient pas à lui faire aimer la vie. Jarno, de son côté, dit à Lothaire

Des changements comme ceux que vous méditez doivent être examinés sous toutes les faces, avant qu’on les mette à exécution.

Les longues réflexions, répliqua Lothaire, prouvent d’ordinaire qu’on ne connaît pas bien l’affaire dont il s’agit, les actions précipitées, qu’on ne la connaît pas du tout. Je vois trèsclairement qu’a beaucoup d’égards, les services de mes vassaux