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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/431

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DE WILHELM MEISTER. 427

brûler était scié, coupé, empilé, avec tant de précision, qu’il semblait faire partie du bâtiment et être destiné à demeurer toujours ainsi. Tous les ustensiles, parfaitement propres, étaient à leur place ; la maisonnette était peinte en blanc et en rouge et d’un riant aspect. Tout ce que peut produire l’industrie, qui ne se soucie point des belles proportions, mais qui travaille pour le besoin, la durée et l’agrément, semblait réuni dans ce lieu. On servit le diner de Wilhcim dans sa chambre, et il eut tout le temps de se livrer à ses réflexions. Il fut surtout frappé de cette idée, qu’il faisait de nouveau la connaissance d’une personne intéressante, qu’une étroite liaison avait unie à Lothaire. « Il est naturel, se disait-il, qu’un homme si noble attire à lui des femmes d’un si noble cœur. Comme elle s’étend au loin, l’influence d’un caractère mâle et distingué ! Si seulement nous n’avions pas, nous autres, auprès de tels hommes trop de désavantage ! Oui, avoue ta crainte ! Si jamais tu retrouves ton amazone, la belle des belles, eh bien, après tant de rêves et d’espérances, tu la trouveras, à ta confusion et à ta honte. la fiancée de Lothaire.

CHAPITRE VI.

Wilhcim avait passé l’après-midi dans l’inquiétude, et trouvé le temps assez long ; vers le soir, sa porte s’ouvrit et un jeune et joli chasseur entra, en lui faisant un salut.

« Allons-nous promener ? dit le jeune homme, et aussitôt Wilhelm reconnut Thérèse à ses beaux yeux. Excusez cette mascarade, poursuivit-elle, car, hélas ! ce n’est à présent qu’une mascarade. Mais, comme je dois vous parler du temps où je me trouvais si bien dans ce monde, j’ai voulu, par tous les moyens, me rendre présents ces beaux jours. Venez, la place même où